
Hokusai, Hiroshige et les autres : Les Monet du Japon de l’époque Edo
Les estampes japonaises, c’est un peu comme le cinéma. Il y a des blockbusters intemporels (coucou Hokusai), des chefs-d’œuvre contemplatifs (merci Hiroshige), et des pépites moins connues qui mériteraient pourtant leur heure de gloire. Aujourd’hui, on vous présente nos 10 stars préférées de l’ukiyo-e, ces artistes qui ont façonné l’histoire de cet art avec autant de talent que de pinceaux (et de patience).
1. Katsushika Hokusai : Le génie polyvalent
On commence avec Hokusai, parce que, soyons honnêtes, c’est la rockstar des estampes. Né en 1760, il changea de nom au moins 30 fois (non, ce n’est pas une blague, on vous en reparlera) et créa des œuvres dans tous les genres imaginables. Paysages, portraits, illustrations de romans… Hokusai, c’était un peu le Leonardo Da Vinci de l’époque Edo.
Son œuvre phare : Les 36 vues du Mont Fuji
Sa série (qui en compte en réalité 46, parce qu’il a continué après coup) est un hommage sublime à cette montagne sacrée. Parmi elles, Vent de sud, ciel clair (ou "Mont Fuji rouge") montre le Fuji illuminé par le soleil levant, un chef-d’œuvre de simplicité et d’élégance.
L’anecdote incontournable
Hokusai aurait dit que sa meilleure œuvre arriverait à ses 110 ans. Il est mort à 89, mais franchement, il avait déjà placé la barre très haut.
2. Utagawa Hiroshige : Le poète des paysages
Hiroshige, né en 1797, est souvent considéré comme l’un des derniers grands maîtres de l’ukiyo-e. Là où Hokusai jouait avec les formes, lui préférait l’atmosphère. Ses estampes sont comme des haïkus visuels : douces, subtiles, poétiques.
Son œuvre phare : Les 53 stations du Tōkaidō
Il y capture la route entre Edo et Kyoto avec une tendresse infinie : voyageurs, marchands, pluie fine, lueurs du soir… on a envie de prendre un ticket.
L’anecdote incontournable
Il passait des heures à observer la nature. On dit même que ses scènes de pluie sont si réalistes qu’on peut entendre les gouttes tomber. 🌧️
3. Utagawa Kunisada (Toyokuni III) : Le prolifique portraitiste
Si les estampes avaient eu un Top 50, Kunisada aurait été numéro 1 toute sa vie. Né en 1786, il est surtout connu pour ses portraits d’acteurs kabuki (yakusha-e), mais aussi ses bijin-ga et ses incursions dans les scènes de genre.
Son œuvre phare : Les séries Yakusha-e
Il faut voir ses acteurs en pleine scène : expressions dramatiques, kimonos tourbillonnants, on entend presque le shamisen. Un vrai passionné de théâtre, ce Kunisada !
L’anecdote incontournable
Il aurait signé plus de 20 000 estampes. Oui, ça fait beaucoup. Et chez Kogedo, on adore en chiner.
4. Utagawa Kuniyoshi : Le roi de l’imaginaire
Si vous aimez les samouraïs tatoués, les démons géants et les légendes épiques, Kuniyoshi est votre homme. Né en 1798, il transforme l’estampe en manga avant l’heure.
Son œuvre phare : Les 108 héros du Suikoden
Inspirée d’un roman chinois, cette série est une parade de poses épiques, de tatouages flamboyants, de regards de feu. Une influence majeure dans le monde du tatouage japonais aujourd’hui.
L’anecdote incontournable
Il adorait les chats. Et les glissait partout, même dans ses scènes de guerre. Un génie (et un vrai farceur, poko).
5. Tōshūsai Sharaku : L’étoile filante du yakusha-e
On ne sait pas grand-chose de Sharaku… et c’est précisément ce qui le rend si fascinant. Actif pendant à peine dix mois en 1794–1795, il a pourtant laissé une trace indélébile dans l’histoire de l’estampe. Ses portraits d’acteurs de kabuki, les fameux yakusha-e, sont d’une intensité inédite : regards exagérés, rides accentuées, émotions presque dérangeantes. Là où d’autres cherchaient l’élégance, lui capturait l’instant brut, sans filtre.
Son œuvre phare : Les bustes d’acteurs. Des visages coupés en plan serré, des expressions théâtrales, presque caricaturales. C’est cru, dramatique… et totalement hypnotisant.
L’anecdote incontournable On ignore encore qui était vraiment Sharaku, ni pourquoi il a disparu si vite de la scène. Mais ce mystère, justement, alimente la légende. Certains pensent même que c’était un acteur kabuki, un groupement d'artistes ou même Hokusai en personne !
6. Kitagawa Utamaro : L’intimiste du monde flottant
Né vers 1753, Utamaro est l’un des premiers maîtres du genre bijin-ga. Il a saisi comme personne la féminité de l’époque Edo : courtisanes, geishas, femmes au quotidien, toutes dessinées avec grâce, délicatesse, et souvent une note de mystère.
Son œuvre phare : Dix physiognomonies de femmes
Une série tout en nuances, qui capture les émotions subtiles d’un regard ou d’un geste. C’est doux, raffiné, et étonnamment moderne.
L’anecdote incontournable
Il a eu quelques démêlés avec la censure après avoir représenté une figure historique en femme. Trop en avance sur son temps, peut-être ?
7. Kikukawa Eizan : Le discret raffiné
Eizan, élève indirect d’Utamaro, reprend le flambeau du bijin-ga avec un style plus doux et lyrique. Né vers 1787, il peint les femmes avec un sens du mouvement gracieux, des vêtements fluides et une élégance presque flottante.
Son œuvre phare : Beautés de saison
Ses femmes marchent sous les cerisiers en fleur ou ferment un shōji en silence. C’est tout simple, mais poétique à souhait.
L’anecdote incontournable
Moins exubérant que d’autres, il a souvent été éclipsé. Pourtant, ses œuvres respirent la sérénité et la justesse du trait.
8. Utagawa Yoshiiku : Le chroniqueur de son temps
Né en 1833, Yoshiiku a été formé par Kuniyoshi mais a su forger son propre style, mêlant tradition et actualité. Il a collaboré avec des journaux, et ses estampes sont souvent pleines de satire, de réflexion sociale et de grandes scènes dramatiques.
Son œuvre phare : Les batailles de l’ère Meiji
Il y mêle les techniques de l’ukiyo-e aux préoccupations modernes. Le Japon change, et lui le raconte en image.
L’anecdote incontournable
Yoshiiku fut un pionnier de l’estampe journalistique, presque un reporter graphique avant l’heure. Un peu le grand-père du manga de presse.
9. Ohara Koson : Le poète des oiseaux et des fleurs
Actif à la fin de l’époque Meiji, Koson est maître du kachō-e (oiseaux et fleurs). Chaque estampe est un poème : un héron dans la brume, une grue sur la neige, une branche de prunier au vent.
Son œuvre phare : Les oiseaux en hiver
Sobres, silencieuses, ces estampes captent l’instant fragile.
L’anecdote incontournable
Il observait des heures les oiseaux pour les dessiner. On sent son respect de la nature dans chaque plume.
10. Kawase Hasui : Le rêveur du shin hanga
Né en 1883, Hasui relance l’estampe au XXe siècle avec le mouvement shin hanga. Il peint le Japon moderne, mais dans l’esprit ancien : temples sous la pluie, villages enneigés, lumières du soir...
Son œuvre phare : Vues choisies du Japon
Chaque image est une carte postale poétique. Les ombres, les reflets, le silence. Hasui, c’est du cinéma en une image.
L’anecdote incontournable
Il voyageait seul, carnet à la main, pour dessiner sur place. Un promeneur sensible, en quête de lumière.
Et les autres…
L’histoire de l’ukiyo-e ne s’arrête pas là. Derrière ces grands noms, il y a aussi des artistes comme Suzuki Harunobu, le pionnier de la couleur, Keisai Eisen, le charmeur des courtisanes, ou bien Tsukioka Yoshitoshi, Le dernier grand maître de l'estampe. Chacun a apporté sa pierre (ou plutôt sa planche de bois) à cet art fascinant. Nous aurons l'occasion d'en reparler !
Conclusion : Un héritage inégalé
Les grands maîtres de l’ukiyo-e ont transformé de simples feuilles de papier en œuvres intemporelles. À travers leurs estampes, ils ont raconté l’histoire du Japon, sublimé ses paysages, immortalisé ses figures emblématiques, capturé des instants nous connectant à un Japon révolu mais toujours vibrant. Alors, prêt à embarquer dans le monde flottant avec votre estampe préférée ? 🌸
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