Illustration de tous les cartouchs et sceaux présents sur une estampe japonaise, représentant sa carte d'identitité

Comment lire une estampe japonaise : signatures, titres, éditeurs et sceaux expliqués

🖼️ Carte d’identité d’une estampe japonaise : 4 éléments pour tout comprendre !

Saviez-vous qu’une estampe japonaise n’est jamais juste qu'une magnifique image ?
En réalité, chaque œuvre est un véritable document codé, une carte d’identité graphique, remplie d’indices passionnants pour qui sait où poser les yeux. Et devinez quoi ? Kogechan est là pour vous apprendre à les repérer !

Aujourd’hui, partons ensemble à la découverte des 4 éléments clés pour déchiffrer une estampe japonaise, et devenir incollable sur ses secrets…

signature de Toyokuni inscrite Kio Toyokuni ga, signature utilisée par Kunisada à 77 ans

🖋 1. La signature de l’artiste : un jeu de piste !

Première chose qu’on cherche : la signature. Mais attention, ce n’est pas aussi simple qu’un prénom et un nom. Les artistes japonais utilisaient souvent plusieurs noms et signatures tout au long de leur vie. Et certains en ont abusé !

Prenons l’exemple du grand Hokusai, que tout le monde connaît.
Au fil de sa carrière, il a utilisé plus de trente noms différents :
Shunrō, Sōri, Taitō, Katsushika Hokusai, Manji… Chaque changement correspondait à une étape de sa vie, une évolution artistique ou un hommage à un maître.

Ces signatures ne sont donc pas anodines : elles permettent de dater l’estampe avec une certaine précision, à condition de savoir à quel nom correspond quelle période !

cartouche titre et série d'une estampe de Kunisada Toyokuni III

📚 2. Titre de l’estampe & série : l’histoire dans le cartouche

Si vous regardez bien une estampe, vous verrez souvent, dans un petit cartouche vertical ou décoratif, une ou deux inscriptions importantes.

🔹 Le titre de l’estampe : il peut désigner un lieu célèbre (un pont, un temple, un paysage...), un événement, un chapitre de conte ou encore un personnage ou un acteur célèbre d’une pièce de kabuki.
🔹 Le titre de la série : car oui, les estampes étaient très souvent publiées en séries, parfois longues de plusieurs dizaines d’images.

Un exemple célèbre ?
La série des 53 Stations du Tōkaidō d’Hiroshige, qui retrace les étapes de la route entre Edo (Tokyo) et Kyōto.
Chaque estampe représente une halte, un moment de vie, un paysage, avec son propre titre, mais rattaché à une série cohérente.

👉 Comprendre ces titres, c’est remettre l’image dans son contexte, comme si on rouvrait un vieux chapitre d’un roman japonais.

sceau de l'éditeur Iseya Ichibei sur une estampe de Kuniyoshi

🏮 3. Le sceau de l’éditeur : l’ombre du mécène

L’estampe japonaise est le fruit d’un travail d’équipe : un artiste dessine, un graveur taille les blocs de bois, un imprimeur applique les couleurs… et derrière tout ça, un éditeur orchestre le projet.

Ce dernier apposait son sceau sur l’œuvre : un petit symbole, parfois discret, mais toujours révélateur. Il jouait souvent un rôle actif dans le choix du thème ou de la série, et finançait entièrement la production. Au début du système de censure (voir plus bas), il pouvait même faire office de censeur du gouvernement !

📍 Reconnaître ce sceau permet souvent de savoir dans quelle période l’œuvre a été publiée, de repérer des éditions originales, ou d’identifier des rééditions postérieures.

 

sceau de censure aratame avec date du zodiaque sur une estempa de Yoshiiku 1863

🔍 4. Le sceau de censure : un tampon très politique

Alors là, accrochez-vous : les sceaux de censure sont un vrai roman à eux seuls (promis on reste simple !).
À l’époque Edo (1603–1868), on ne faisait pas ce qu'on voulait, le Shogun controlait tout ! Et imprimer une estampe nécessitait l’autorisation du gouvernement. La censure était omniprésente, et les estampes devaient porter un sceau officiel, qui validait leur publication.

Mais ce sceau a beaucoup évolué au fil du temps, petit résumé rapide :

📌 Période "Kiwame" (fin XVIIIe – début XIXe)

Le sceau unique "kiwame" (極め), qui signifie "approuvé", était appliqué après validation par les censeurs officiels. On le retrouve notamment sur la plupart des estampes de Hiroshige ou Hokusai dans leurs séries les plus célèbres.

📌 Période "Nanushi" (années 1840)

Vers 1842, avec les réformes Tenpō, les choses changent.
Un puis deux censeurs (appelés Nanushi, des chefs de quartier) signaient l’estampe avec leurs noms dans un sceau simple ou double. On peut ainsi identifier les personnes responsables de l’approbation, et donc affiner encore la datation.

📌 Période "Aratame + date zodiacale" (à partir de 1853)

Un peu plus tard, un nouveau système apparaît : le sceau "aratame" (改), signifiant "révisé", est accompagné d’une date zodiacale.
Exemple : "année du dragon, 10ᵉ mois".
Ces sceaux peuvent être très petits, discrets, parfois en 2 sceaux séparés ou tout dans un seul sceau selon la période (oui compliqué à déchiffrer!) mais ils permettent une datation extrêmement précise, mois par mois.

📌 Fin du système de censure (début Meiji, vers 1875)

Avec l’ouverture du Japon et les réformes de l’ère Meiji, le système de censure est abandonné.
Les estampes produites après 1875 ne portent donc plus aucun sceau officiel, ce qui est aussi un indice précieux.

sceau du graveur horishi nommé Horitake sur une estampe de Kunisada Toyokuni 3

✨ Bonus : la signature du graveur

Moins systématique, mais tout aussi fascinant : parfois, on trouve sur une estampe le nom du graveur.
Pourquoi ? Parce que certains d’entre eux étaient très renommés, de véritables artistes à part entière. Il devenait donc un argument de vente de les mentionner.

Un petit nom de plus à repérer pour les amateurs exigeants…

🎌 En résumé...

Loin d’être de simples images décoratives, les estampes japonaises sont codées comme des parchemins secrets. Signature, titres, sceaux… chaque détail vous en dit long sur leur histoire, leur auteur, leur époque.

La prochaine fois que vous croiserez une estampe chez KOGEDO, prenez le temps de la lire comme un livre ancien… elle vous racontera plus que vous ne l’imaginez. Chez KOGEDO, vous pouvez nous faire confiance, on vous dit tout !

À très bientôt pour une nouvelle chronique de Kogechan !
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