Estampe Ukiyo-e traditionnelle originale, gravure sur bois. [Cette estampe n'est pas une reproduction moderne]
Type d’estampe : Yakusha-e (portrait d’acteur de théâtre kabuki)
🎨 Artiste : Utagawa Kunisada 歌川国貞 signé : 七十七翁豊國画 — Kio Toyokuni ga
Signature utilisée par Kunisada à 77 ans !
📅 Date d’édition : 1862 (2ᵉ année de l’ère Bunkyū, fin période Edo)
📜 Éditeur : 海老屋林之助 (Ebiya Rinnosuke)
🔪 Graveur (Horishi) : 松嶋彫政 (Matsushima Horisada)
📏 Format : Ôban tate-e (env. 25 × 36 cm)
📌 Titre de la série :
見立子僧三幅対 (Mitate Kozō Sanpukutsui)
que l’on pourrait traduire par : "Trois portraits d’acteurs dans des rôles de jeunes moines détournés"
👤 Personnage représenté :
稲葉小僧 (Inaba no Kozō)
🎭 Acteur : 中村芝翫 (Nakamura Shikan IV)
🏮 Sujet :
Le titre de cette série annonce une scène religieuse : « triptyque des jeunes moines ».
Mais dans le langage théâtral de l’époque Edo, c’est un jeu de mots habile.
En effet, le mot kozō (子僧) peut signifier "jeune moine" au sens littéral, mais il est aussi utilisé pour désigner un gamin, un voleur, ou un domestique de basse extraction (小僧).
Ici, le personnage représenté est Inaba no Kozō, un célèbre voleur masqué du théâtre kabuki — alias Nezumi Kozō (le "voleur rat"), légendaire bandit d’Edo surnommé le Robin des Bois japonais.
On le disait capable de s’introduire dans les résidences de samurai pour y dérober de l’argent et des trésors… sans jamais être capturé.
Dans cette estampe, Nakamura Shikan IV incarne Inaba Kozō dans une posture théâtrale, sabre levé, silhouette tendue.
Un personnage rusé, entre ombre et lumière, dont le nom suggère un mendiant ou moine, mais dont la présence évoque la violence souterraine du kabuki criminel.
✨ Détails notables :
- Signature rarissime de Kunisada marquant son âge : « Toyokuni âgé de 77 ans »
- Contraste fort entre la sobriété du costume noir et la tension du corps
-
Lame du katana imprimée en dégradé de bleu, à l’aide du pigment bleu de Prusse (bero-ai)
- Gravure fine sur les cheveux et les motifs textiles
📦 État :
Estampe originale d’époque, dans un bon état de conservation.
➕ Couleurs bien conservées
➕ Papier d’origine non doublé, souple et sain
➕ Examen en transparence : aucune restauration, ni collage, ni retouche
➖ Légers plis
➖ Deux petites tâches visibles sur le visage du personnage
➖ Un minuscule trou dans la chevelure, très discret mais présent
🦝 Notre avis :
Cette estampe est un bel exemple de la double lecture propre au théâtre kabuki, à l’ukiyo-e et à la langue japonaise : sous l’apparence d’un “jeune moine”, c’est un cambrioleur mythique qui se dresse, sabre en main. De l'humour made in Edo !
Kunisada, à la fin de sa vie et au sommet de son art, fixe ici l’instant de tension maximale avant l’action, dans une composition élégante, sobre et expressive.
On est fan de la lame avec le dégradé de bleu de prusse !
